Fraichement désignée par une grande majorité des militants, la
candidate socialiste suscite déjà les préventions des héraults de
l'extrême gauche.
Ségolène Royal a imposé sa candidature par la base et le contournement
idéologique. Bien joué !
Aujourd'hui, elle retrouve en face d'elle le mur idéologique de la
gauche française. Les tenants du « plus plus plus ». La gauche qui lave
plus blanc que blanc, l'autoproclamée « vraie » gauche, celle que
prétendait incarner avec une conviction inébranlable, le
révolutionnaire Laurent Fabius. Celle-là même qui brandit des slogans
aussi porteurs d'avenir et exportables dans le monde que : « vive les
35 heures » ou « re-nationalisons EDF ! »
Certes, on peut regretter le triomphe d'une surfeuse de l'opinion
doublée d'une obsédée de la communication. Mais force est de constater
que ses coups médiatiques ont bougé les lignes et que sa popularité
atteste d'un profond besoin de renouvellement des discours et des
pratiques politiques à gauche, comme à droite d'ailleurs.
Qu'il reste posé en face une force politique, non pas révolutionnaire
mais conservatrice, dont l'audience est incertaine est une donnée qu'il
faudra prendre en compte pour le premier tour.
Je suis personnellement sidéré de constater à quel point une partie de
l'échiquier politique français est coupée des réalités. C'est un peu
comme si les Besancenot, Buffet, Autain, Bové, Laguiller et autre Mélenchon
existaient politiquement pour se faire plaisir intellectuellement, recherchant sans doute
à dérouler le programme d'une révolution en vase clos, entre
fonctionnaires de l'Etat, syndicalistes minoritaires depuis longtemps
en disponibilité et militants associatifs parisiens.
Le plus consternant dans cette histoire c'est de constater que les
enjeux d'un pouvoir narcissique sont omniprésents puisque les leaders
de la gauche « anti-libérale » demeurent dans l'incapacité de choisir
un candidat commun.
J'ai beaucoup plus de respect pour un Nicolas Hulot qui cherche à
promouvoir la pensée écologique sans arrière-pensée et dans une
approche trans-parti.
Il est plus que temps que la gauche française grandisse et sorte de
cette logique de clubs de révolutionnaires déconnectés de la réalité du
quotidien de celles et ceux qu'elle prétend représenter.