Au moment de la saison des amours, la plupart des oiseaux mâles
entament une parade de séduction parfois spectaculaire à l'attention de
l'élue de leur bec.
Cet entre deux tours ressemble à une valse de volatile, avec deux
méthodes face à face pour une même conquête : l'électorat de François
Bayrou.
A l'UMP, on choisit la méthode la peau de chagrin. Pour être tout à
fait juste, cette méthode est rodée depuis bien longtemps. C'est une
valse en deux temps : on fait du chantage aux législatives du genre «
sans nous, tu n'es rien », « à qui dois tu ton élection ? », etc... et
on
banalise l'aventure Bayrou en répétant à l'envi que l'UDF est un
partenaire naturel et historique de l'UMP, la preuve il y a des tas
d'anciens de l'UDF dans l'UMP. Résultat : l'objectif est atteint car il
y a beaucoup de ralliements de parlementaires UDF. Cela aura-t-il un
impact sur l'électorat de Bayrou ? Peu probable pour les
présidentielles mais il y a un risque certain de marginalisation pour
lui aux législatives, dans la mesure où si les élus rejoignent
naturellement l'UMP, son aventure apparaîtrait alors comme tout à fait
personnelle.
Au PS, l'affaire est beaucoup plus compliquée. Ségolène Royal tire de
grosses ficelles en médiatisant à foison son ouverture au centre.
Jamais auparavant un candidat socialiste en France en avait fait autant
vers les centristes. Son objectif : démontrer à l'électorat de Bayrou
que le projet de ce dernier est proche du sien et donc qu'elle peut
incarner les attentes de celles et ceux qui ont voté pour le troisième
homme. Pour ce faire, le débat qu'elle propose serait un instrument
efficace, à la condition qu'elle ne se fasse pas piéger.
Au delà, cette stratégie électoraliste présente un immense intérêt
politique : elle pousse le PS à faire en quinze jours ce qu'il a été
incapable de faire pendant cinq ans : sa révolution idéologique. Devant
le constat de la faiblesse historique des voix de l'extrême gauche,
illustrée en particulier par la disparition des communistes du jeu
électoral national, Ségolène Royal pousse ses pions avec un culot que
l'on ne peut que lui reconnaître, au nez et à la barbe des gardiens du
temple du socialisme radical. Ceux-ci ne peuvent que manger un bout de
leur chapeau avant peut être de le manger entièrement si la candidate
socialiste l'emporte dimanche 6 mai. Du coup, on ressort les Rocard,
Kouchner, Delors, et même Cohn Bendit. Il n'y a guère qu'un DSK boudeur
pour ne pas en profiter, délibérément.
Le 6 mai, triomphe de la deuxième gauche ? La revanche 28 ans après Metz ?
Une chose est certaine dans cette élection, les deux là sont froidement
déterminés. Nous avons affaire à deux « killers » qui en ont...