• Examen blanc





    Encore du PS au menu.

    C'est que ce qui s'est joué à Lens ce samedi 16 septembre, lors des
    chantiers du Pas-de-Calais, était une étape majeure dans la course à
    l'investiture du Parti Socialiste pour la Présidentielle.

    Chaque prétendant confirmé ou pressenti (selon la formule : « qui n'a
    pas exclu de se présenter ») a pu s'exprimer ce samedi, à tout de rôle,
    devant plus de 2500 militants et 400 journalistes. L'exercice était
    contraint : un tirage au sort pour déterminer l'ordre de passage, une
    introduction et trois questions de militants sélectionnées par avance.

    Ségolène Royal avait demandé une dérogation pour s'exprimer la
    première, avant de prendre un avion pour se rendre au congrès du PS
    espagnol. Lionel Jospin, Jack Lang, Dominique Strauss Kahn, Martine
    Aubry et Laurent Fabius lui ont succédé.

    Globalement, les médias présents ont fait la même analyse de ce
    rendez-vous : un duel Jospin - Royal qui se dessine et un Fabius très
    en verve sur ces terres fabiusiennes. On a pu constater les manœuvres
    des uns et des autres : les partisans de Laurent Fabius, nombreux au
    sein de cette fédération, ont été quelques uns à rester en fin de
    réunion afin de se présenter spontanément aux journalistes. Les
    partisans de Lionel Jospin ont distillé le message du ralliement de
    Lang et Strauss Kahn à leur candidat. Quant aux partisans de Royal, ils
    n'ont pas eu besoin d'en ajouter (il y avait tout de même trois bus
    affrétés pour l'occasion), les médias ayant déjà fait d'elle la
    candidate du PS.

    De cette réunion, à mon sens, Ségolène Royal n'est pas sortie grandie :
    discours creux, gnangnan, faussement légitimiste, paraphrase du projet
    socialiste et une explication maladroite sur la carte scolaire.
    Pourtant, elle a été acclamée à son arrivée, comme on acclame une star,
    beaucoup moins pendant son discours... Il y a néanmoins un
    phénomène, c'est indéniable et c'est irrationnel. Il est aussi indéniable que
    la presse en fait des tonnes...

    Lionel Jospin a fait une intervention remarquable. Assis sur un
    charisme impressionnant, il a soulevé le cœur des militants, phénomène
    qui n'est pas probablement pas passé à la télévision. La salle a été
    conquise, elle a semblé retrouver chez Jospin les accents de 1997...
    Aucun doute, Jospin s'est posé en candidat naturel et s'est montré
    extrêmement déterminé.

    Derrière, les autres prétendants ont fait pâle figure. A commencer par
    Jack Lang, fortement positionné sur l'international, trop timide, trop
    tendu, trop intellectuel. Ca n'a pas pris. DSK était porté par des
    représentants de ses réseaux mais il est apparu, comme souvent, trop
    distant, technique, professionnel. Bref, il manque toujours ce fluide
    avec les gens, ce petit truc irrationnel, qui fit la différence entre
    un manager et un leader. Martine Aubry était là pour renforcer Jospin,
    elle a fait du Martine : offensif, humain, social...

    Restait Laurent Fabius qui avait très bien préparé ce rendez-vous en
    s'appuyant sur une partie de la fédération qui lui est restée fidèle.
    Un discours gauchisant, larmoyant, très démago - c'est un point de vue
    - et surtout à contre-pied de celui de Ségolène Royal, histoire de
    poser le duel qu'il espère. Car Fabius peut encore espérer : en cas de
    non candidature de Jospin, il sera l'adversaire de Ségo et il sait
    qu'une grande partie des militants, peut-être majoritaire, n'apportera
    pas sa voix à la candidate du Poitou.

    François Hollande concluait en patron du PS, par un discours brillant,
    comme il en a le don, ovationné à son tour. De quoi lui donner des
    idées, même si l'hypothèse Jospin et la popularité de Royal doivent
    l'empêcher de les concrétiser...

    De cette réunion, il me semble que l'on peut en tirer quelques conclusions
    intéressantes :

    - D'une part, la candidature de Ségolène Royal repose sur un socle
    fragile. Elle reste à la surface des sujets et commence à montrer ses
    limites sur ce point. Elle fait des erreurs de communication en interne
    du parti et ça commence à peser sur la base militante. Par ailleurs,
    elle a suscité l'hostilité des autres candidats et de leurs partisans,
    ce qui n'est jamais bon lorsque l'exercice consiste à rassembler.
    Enfin, un détail qui tue: elle n'était pas sur la photo de fin de réunion...

    - D'autre part, Lionel Jospin a posé son retour dans l'esprit des
    militants et largement diffusé le message du ralliement de DSK et Lang
    à sa candidature.

    Bref, après cette étape, mon pronostic se dessine et donne l'avantage
    à Lionel Jospin.



    EDIT (25/09/2006) : preuve que la plus grande confusion règne, le
    pronostic d'hier n'est pas le même que celui d'aujourd'hui. Je me
    garderai bien d'en rajouter. Le fait est que Jospin semblait avoir
    percé dans une offensive visant à obtenir les retraits de Jack Lang et
    de DSK avant le dépôt des candidatures, ça n'en prend finalement pas
    le chemin. La candidature de Jospin ne décolle pas pour l'instant et la
    contre-offensive des royalistes fragilise davantage l'hypothèse de son
    retour. Par ailleurs, Fabius a passé la seconde et les partisans de
    Hollande commencent à préparer le terrain... L'hypothèse d'une victoire
    de Jospin était audacieuse et reposait sur le calcul du rapport de
    force militant, en cas de ralliement de Lang et DSK. Sans leur
    ralliement, il n'a aucune chance. Et il n'y aura pas ralliement tant
    qu'il semblera n'avoir aucune chance. Bref, l'oeuf ou la poule...


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